Information détaillée concernant le cours

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Titre

Faire de la recherche: créer, expérimenter, performer?

Dates

13 et 14 février 2020

Responsable de l'activité

Laurent Matthey

Organisateur(s)/trice(s)

Mme Rebecca Durollet (UNIGE), Mme Clémence Lehec (UNIGE), M Laurent Matthey (UNIGE)

Intervenant-e-s

Anne-Laure Amilhat Szary (professeure à l'Université de Grenoble-Alpes et directrice du laboratoire PACTE)

Lise Landrin (doctorante à l'Université de Grenoble-Alpes)

Clémence Lehec (docteure, chercheure affiliée à l'Université de Genève et Grenoble-Alpes)

Description

L'idée que nos sociétés se basent de plus en plus sur « l'expérience » ou la notion de « test » a fait l'objet de développements et de questionnements (Ronell, 2003, 2005). En parallèle, la recherche en sciences sociales se renouvelle avec l'apparition de la « recherche-création » (Olmedo, 2015), de l'expérimentation ou de l'usage de la notion de performance. De quoi s'agit-il lorsque la recherche se prend elle-même pour objet en inventant de nouvelles manières/méthodologies d'enquêtes pour remettre en question des catégories établies telles que la distinction entre démarches inductives ou déductives ? Quelle scientificité s'établit-elle dans des pratiques souvent hybrides qui revendiquent un rapport politique à la production du savoir et tendent notamment à déconstruire la position surplombante du chercheur ? 

 

Cet atelier se propose d'ouvrir le débat sur ce type de démarches, en partant du point de départ de la géographie expérimentale, via des lectures et discussions de textes fondateurs (notamment :Thompson, 2008)pour poser la question des formes hybrides que prennent nos recherches, parfois jusque dans la production de résultats encore peu présents et reconnus dans le champ scientifique : la création documentaire, théâtrale, l'écriture littéraire, etc.

 

Dans cette perspective, il s'agira aussi de laisser un temps d'échange autour des différentes pratiques/questionnements des participant·e·s qui auraient eux-mêmes des éléments à apporter sur la recherche création/l'expérimentation/la performance ou des interrogations sur la forme à donner à leur recherche.

 

Deux représentantes du Performance Lab (basé à Grenoble au sein du laboratoire PACTE) Anne-Laure Amilhat Szary, professeure à l'Université Grenoble-Alpes et directrice du laboratoire PACTE ainsi que Lise Landrin, doctorante à l'Université Grenoble-Alpes qui base sa recherche sur des pratiques théâtrales, seront présentes pour accompagner et nourrir les questionnements. Clémence Lehec, docteure en géographie et chercheure affiliée des Universités de Genève et Grenoble-Alpes proposera un retour sur sa pratique documentaire dans le cadre doctoral. La question concrète de la méthodologie sera donc abordée via un retour sur la manière dont l'expérimentation a été utilisée dans le cadre de travaux de terrain. Hors d'un ancrage disciplinaire cloisonné, c'est la question de la forme qui est donnée à la recherche qui sera discutée et de ses implications épistémologiques et politiques.

 

À ces éléments plutôt théoriques, épistémologiques et méthodologiques s'ajoutera un volet véritablement pratique avec Lise Landrin, qui proposera un atelier (corps pensant ou théâtre déclencheur) qui mettra en jeux les corps.

Programme

 

Jeudi 13 février : (salle M4220)

 

9h – 12h : introduction des journées et présentation d'Anne-Laure Amilhat Szary « Expérimenter en SHS : quels enjeux méthodologiques et conceptuels ? Etudes de cas tirées du parcours d'une géographe des bordures » (présentation des projets de l'antiAtlas des frontières, du Performance Lab et de son travail sur la pièce Le pire n'est pas toujours certain.

 

 

 

Déjeuner

 

 

 

13h30 – 17h30 : discussion autour des travaux des doctorantes et doctorants participant·es + atelier lecture d'un texte de Trevor Paglen (animé par Clémence Lehec)

 

 

 

Vendredi 14 février : (salle de théâtre d'Unimail (matin) et salle 5020 (après-midi))

 

9h – 12h : atelier corps pensant avec Lise Landrin (salle de théâtre d'Unimail) :

 

 

 

Cet atelier proposera aux participant·es de découvrir diverses techniques du théâtre déclencheur telles que je peux les pratiquer dans les milieux ruraux du Népal ou avec des étudiant·es de géographie à Grenoble. Déclencher, c'est simplement ôter la clenche, laisser place à des expressions créatives que nous avons souvent contenues, formées, conformées pour devenir des êtres sociaux. Nous avons toutes et tous des corps. Ils sont nos premiers alliés, nos moteurs de rencontre et d'expression mais aussi les principaux objets de projection des normes sociales. C'est donc en passant par les corps que nous pouvons comprendre les récits dans lesquels nous nous inscrivons et par eux aussi que nous pourrons réouvrir nos imaginaires.

 

Avec le quotidien et ses incorporations comme objets d'enquête, la séance proposera de découvrir plusieurs outils d'écoute corporelle, de composition spontanée et d'écriture libre pour aboutir à une très courte mise en scène collective. Puisque per-former désigne l'action de mettre en forme, il s'agira au sens premier de jouer avec les formes et les corps pour développer de nouvelles manières de voir, de sentir et de ressentir. »

 

Nota bene : La participation à l'atelier ne requiert aucune compétence ni pratique artistique préalable. Il est préférable néanmoins de venir dans une tenue confortable qui permet des mouvements au sol.

 

 

 

Déjeuner

 

 

 

13h30 – 16h : présentation de deux expérimentations géographiques à travers les travaux doctoraux de Lise Landrin (1h) et Clémence Lehec (1h de présentation du film documentaire réalisé dans le cadre doctoral), suivi d'une demie heure de discussions. (salle M5020)

 

 

 

 

 

Lise Landrin : Le théâtre déclencheur, un privilège épistémique ?

 

Comme toutes les sciences sociales, la géographie vise une compréhension rigoureuse et objective du réel. Dès lors, comment le théâtre qui emploie la fiction, la participation et le jeu peut-il fournir une méthode de recherche ? Depuis les années 1970, les épistémologies féministes entre autres courants critiques ont déconstruit progressivement l'existence d'un savoir objectif. Il est désormais commun de penser qu'il n'existe pas véritablement de « réel » en dehors des représentations que l'on en a. Mais loin de souhaiter une promotion généralisée du subjectif, les épistémologies féministes réclament des sciences « plus objectives » (Harding). Dans cette mouvance, partir des savoirs situés et promouvoir la réflexivité est devenu affaire courante en géographie, du moins dans toute la tradition de la géographie critique, sociale et culturelle.

 

Néanmoins, partir des savoirs situés pour produire de la connaissance qui soit partageable et scientifique, requiert des méthodes. Or les méthodes justement se font plus rares dans les sciences de terrain. Ces quinze dernières années, plusieurs méthodes créatives et participatives sont apparues dans le corpus francophone pour formuler des propositions de recherche, et ce domaine ne cesse d'élargir son registre. Mais tisser ensemble recherche et création se confronte à un ensemble d'enjeux épistémologiques, matériel ou éthique autour desquels il est important de dialoguer.

 

 Inspirée par deux grands courants (la recherche participative et la recherche création), je propose de porter au débat une méthode de recherche que j'ai développé à l'aide de Pariksha Lamichhane, une comédienne népalaise. Au travers des ateliers et des performances élaborées dans le village de Sirubari entre 2016 et 2018, je montrerai en quoi le théâtre peut s'évaluer comme un lieu de privilège épistémique capable de produire des données émotionnelles, sensibles et tabous ; mais aussi de renforcer les capacités d'action d'un groupe. Je terminerai en évoquant les difficultés inhérentes au récit, à l'analyse et aux restitutions de ladite méthode pour réfléchir ensemble aux enjeux d'une recherche créative.

 

 

 

 

 

 

 

Clémence Lehec : Les murs de Dheisheh,

 

une recherche collaborative à travers la production documentaire

 

 

 

Cette communication portera sur la réalisation du film, en tant que moyen d'esquisser une recherche collaborative, de la conception aux résultats de la recherche. Les Murs de Dheisheh est un film documentaire, d'une durée de 36 minutes, coréalisé dans le cadre d'une recherche doctorale. Les résultats de la thèse consistent en un manuscrit et un film documentaire qui se complètent l'un l'autre. Les deux documents offrent un aperçu du mouvement graffiti qui s'est développé dans le camp de réfugiés palestiniens de Dheisheh. Cette recherche sur des éléments visuels et à partir de l'utilisation de méthodes visuelles a impliqué une forme de recherche particulièrer, qui sera détaillée dans cette présentation. L'objectif sera de faire le point sur cette expérience de production documentaire, qui m'a amenée à partager l'auctorialité. A partir du film, je commenterai comment le travail de collaboration a été rendu possible même si la chercheure que je suis et ma coréalisatrice avions des positions, des connaissances du camp et des motivations différentes. D'une part, Tamara Abu Laban est une productrice et réalisatrice de films et elle a grandi dans le camp de réfugiés de Dheisheh, notre film a été le premier qu'elle a fait sur l'endroit d'où elle vient. D'autre part, je suis étrangère au contexte palestinien et j'avais un but scientifique de production de connaissances.

 

Lieu

Genève, Unimail

Information

L'atelier aura lieu sur deux journées et se déroulera à Genève.

Places

14

Délai d'inscription 06.02.2020
Contact

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