Enjeux locaux de la gouvernance interantionale liée à la migration forcée: cas des personnes deplacées dans la ville d'Ayorou

Les travaux de cette thèse s’inscrivent dans la suite de nos précédents travaux (master) consacrés à la problématique de l’intégration des réfugiés dans la ville d’Ayorou. Après ces études de cas sur la ville d’Ayorou, il est intéressant d’approfondir la thématique, d’aborder la question des personnes déplacées internes au-delà de l’intégration des réfugiés et de voir les reconfigurations urbaines que cela peut générer. En abordant aujourd’hui la question de migration forcée à Ayorou, le constat qui se dégage est qu’au fil du temps on assiste à une reconfiguration urbaine.

Depuis 2012, les Etats du sahel sont marqués par une fragilité interne à laquelle s’ajoutent les dynamiques d’un contexte sous régional dégradé qui devient un facteur supplémentaire de déstabilisation. A toutes ces situations, vient se greffer une crise sécuritaire qui sévit en Afrique de l’ouest plus particulièrement dans les pays du Liptako-Gourma (Niger ; Mali et Burkina Faso). Cette situation a occasionné des vagues de déplacements forcés massifs tant à l’intérieur des frontières internationales qu’à l’extérieur. Dans ce contexte, l’installation de ces populations déplacées (réfugiés et déplacés internes) n’est pas sans conséquences dans les localités d’accueil. En effet les capacités des localités d’accueil en matière des services sociaux ne peuvent pas répondre à tous les besoins de la population hôte, des réfugiés et aussi des personnes déplacées. En plus, ces villes subissent des transformations spatiales liées à l’installation de ces populations en masse (réfugiés et déplacés) et de façon spontanée. L’accueil des réfugiés et des personnes déplacées dans les zones d’accueil a un impact évident sur leur configuration. C’est ainsi que la ville d’Ayorou accueille plus de 18814 DPIs (HCR, 2023), ce qui a accentué davantage le problème d’accès aux services sociaux et la reconfiguration spatiale. À vol d’oiseau, la ville d’Ayorou est située à environ 42 km de la frontière avec le Mali, sa position géographique fait d’elle un havre de paix et de sécurité pour les réfugiés maliens installés depuis 2012. En effet près de la moitié des habitants de la ville d’Ayorou et de sa périphérie seraient désormais des déplacés. Le contexte né de l’afflux des personnes vers la ville d’Ayorou suscite des questions qui justifient cette recherche.